« La chaleur humaine est et restera toujours la source d’énergie la plus efficace qui soit », a écrit le poète autrichien Ernst Ferstl. Et pour cause : la chaleur et la température ne sont pas seulement des éléments mesurables, mais aussi des données subjectives, qui reposent en grande partie sur le ressenti. Le terme chaleureux ne s’applique-t-il pas à une atmosphère agréable, ou aux élans du cœur ? De la même manière, nous meublons et nous décorons nos maisons avec des couleurs chaudes pour en réchauffer l’aspect. Mais à quoi ces différentes notions font-elles référence exactement ? Quelle est leur signification ?
Scientifiquement parlant, la chaleur du cœur est une vue de l’esprit. Helmut Wicht, biologiste et professeur d’anatomie à l’université Goethe de Francfort, confirme ainsi que les émotions sont générées par le cerveau et non pas par le cœur. Plus précisément par le noyau accumbens, système de gratification et de consolidation du cerveau. C’est là que se crée le sentiment du bonheur. À ce propos, l’idée que nous voyons avec les yeux n’est pas tout à fait correcte non plus. La perception de l’environnement fait certes appel à nos yeux mais surtout à notre cerveau. C’est lui qui reconnaît par exemple la couleur et lui donne une signification – chaude ou froide.
Les couleurs et leurs effets
De la plus chaude à la plus froide – les couleurs ont une influence sur notre humeur, nos sentiments et notre sensibilité à la chaleur.
Rouge : Il active la pression sanguine et génère une sensation de chaleur. Les architectes d’intérieur recommandent de ne pas en abuser.
Orange : La psychologie considère que cette couleur élève l’esprit et le stimule.
Jaune : Il a également un effet stimulant et est adapté aux salles à manger et aux séjours.
Pourpre : Il incarne la spiritualité et le mystère. Pour les croyants, c’est la couleur de la réflexion, de la pénitence, de la contemplation et de la conversion.
Bleu : Cette couleur froide a un effet apaisant mais peut également faire frissonner les plus sensibles.
Vert : Il favorise la concentration, sous réserve qu’il ne tire pas trop vers le jaune.
Les muscles, créateurs de chaleur
Voilà pour le cerveau. Mais d’autres processus thermiques se déroulent ailleurs dans le corps. À titre d’exemple, nos muscles libèrent environ les deux tiers de leur énergie sous forme de chaleur. Petite anecdote, à ce propos : parce que le corps féminin recense moins de muscles que celui des hommes, les femmes frissonnent plus rapidement. Et ont aussi plus vite les pieds froids. L’organisme cherche de fait à maintenir les organes de l’abdomen à une température de 37°C. Quand il fait froid, il draine la chaleur des bras et des jambes vers le milieu du corps. Le pyjama des femmes doit par conséquent couvrir ces membres tandis que, chez les hommes, un t-shirt sans manche et un short suffisent le plus souvent.
Nul besoin de maintenir une température constante de 20°C
Bref, mieux vaut porter des chaussettes chaudes et rajouter une couverture plutôt que surchauffer la pièce. Le ministère de l’Environnement préconise ainsi une température de 17°C pour les chambres.
Mieux vaut porter des chaussettes chaudes qu’augmenter le chauffage
La cuisine elle non plus n’a pas besoin d’une température supérieure à 18°C. Le salon requiert en revanche une ambiance chaleureuse et confortable, soit une température de 20°C. « Chaque degré supplémentaire fait grimper la facture », prévient le ministère. Dans les bureaux, où on reste souvent assis toute la journée, sans beaucoup bouger, la température peut en revanche être augmentée à 21 ou 22°C.
À CHAQUE PIÈCE SA TEMPÉRATURE
Les différentes pièces de la maison servent des objectifs variés. Il est donc logique de ne pas maintenir la même température partout dans la maison.
SÉJOUR
Le séjour se doit d’être chaleureux et confortable. Ce qui requiert une température d’au moins 20°C, voire même 22°C, et permet de limiter les frais de chauffage même en hiver, sans qu’il fasse trop froid dans la maison.
Astuce : ouvrir grand les fenêtres pour de courtes périodes vaut mieux que les laisser entrouvertes en permanence.
CUISINE
Des fruits sur la table, du pain sur le plan de travail ? Limitez dans ce cas la température à 18°C. Et n’oubliez pas d’ouvrir les fenêtres après avoir cuisiné !
CHAMBRE À COUCHER
Pour un bon sommeil, la température de la pièce doit osciller entre 15 et 18°C, manière d’optimiser le processus de régénération du corps. Effet secondaire plus que bienvenu : une pièce froide stimule la fonte de graisse et les réserves d’énergie ne sont pas stockées mais immédiatement brûlées.
SALLE DE BAIN
Hors de question de frissonner en sortant tout mouillé de la douche. La salle de bain doit arborer une température chaude de 24°C – tant que vous ne vous êtes pas séché. Quand la pièce n’est pas utilisée, vous pouvez éteindre le chauffage.
Quand l’odeur de cannelle réchauffe
Mais que faire quand la chaleur externe ne suffit pas ? Que les routes sont verglacées, et l’humeur maussade ? Il est temps de réchauffer son système de chauffage interne. Celui-ci se situe dans l’abdomen : lors de la digestion, le corps produit de la chaleur en cherchant à assimiler les nutriments. La médecine qualifie ce phénomène de thermogenèse postprandiale. On peut choisir d’accélérer ce processus, par exemple en utilisant des épices, graines d’anis ou autre cannelle. Nous savons que les clous de girofle et la cardamome, la vanille et le cumin, le gingembre et le piment exercent une influence sur le processus thermogénique en activant certaines hormones et en agissant sur la circulation sanguine. Quoi de plus normal, donc, que de telles épices soient privilégiées par l’alimentation hivernale.
Des fibres plus sophistiquées
Le secteur textile nous aide également à rester bien au chaud. Il développe de plus en plus de fibres légères, pratiques et fonctionnelles qui favorisent l’équilibre thermique de l’organisme. Si les gens avaient jadis pour habitude de s’envelopper dans d’épaisses fourrures, ils enfilent aujourd’hui leurs tenues en polyester ou en polypropylène. Les sweats en polaire, conçus à l’origine pour les activités d’extérieur, permettent désormais de rester bien au chaud affalé dans son canapé.
L’alpaga cinq fois plus chaud que la laine classique
Les adeptes de fibres naturelles portent des manteaux de plume, de laine et de soie. Et les pulls qui grattent en forme de sac à patate sont depuis longtemps de l’histoire ancienne. Des matériaux plus fins comme le mérinos ou l’alpaga peuvent se muer en élégantes robes de maille. Une bonne chose quand on sait que l’alpaga est cinq fois plus chaud que la laine classique tout en étant plus léger et plus doux. Ses fibres intègrent de minuscules poches d’air qui lui confèrent des propriétés très isolantes.
À chaque température sa matière
La soie est la fibre de choix pour tous ceux qui transpirent beaucoup – et se refroidissent très vite. Aucune autre fibre n’est aussi régulatrice qu’elle. Et aucune fibre industrielle ne saurait égaler son éclat.
De l’élégant vison à l’hermine royale en passant par le castor ultrarésistant, la fourrure permet de rester au chaud depuis des millénaires. Mais les préoccupations liées à la cause animale jouent contre son utilisation. Elle est en outre lourde et onéreuse par rapport aux vestes modernes high-tech.
Les gens qui aiment les étoffes bien rembourrées choisiront une doudoune classique en plume, alternative ultra légère à la laine ou à la fourrure.
Le coton est une matière froide, mieux adaptées aux tenues d’été.
La polaire est un velours composé de polyester. Commercialisé pour la première fois en 1979, ce matériau est surtout adapté aux sports d’extérieur en raison de ses bonnes propriétés thermiques. Il ne gratte pas la peau, contrairement à la laine, et se révèle plus léger.
Les gens qui transpirent même en hiver portent des pantalons et des chemises de lin. Cette fibre ne tient pas chaud et est en outre très résistante.
La laine réchauffe même quand elle est humide. Les gens que son toucher rugueux rebute peuvent lui préférer le mérinos ou l’angora. La laine de l’alpaga – animal aux allures de chameau – est quant à elle extraordinairement légère.
Quiconque active ainsi son système d’énergie thermique interne peut réduire ses besoins de chauffage. On touche là au cœur-même du changement climatique : dans les nations occidentales industrialisées, le débat autour du réchauffement est étroitement lié à la consommation d’énergie. L’utilisation d’énergies renouvelables doit permettre de limiter le réchauffement. Mais les experts restent partagés : en 2009, l’homme politique britannique Nigel Lawson a créé la Global Warming Policy Foundation (GWPF), qui remet en question l’influence de l’homme sur le réchauffement. L’organisation invite à plus de réflexion et réfute les scénarios catastrophes. Quand la science reste sans réponse, il reste heureusement la poésie. Et c’est là que les mots du poète Ernst Ferstl sur la chaleur humaine reprennent tout leur sens.