Après ce mois d’avril particulièrement froid et humide, il peut être surprenant de parler de sécheresse…Et pourtant ! En ce milieu de printemps la situation hydrique de la France reste globalement déficitaire. Les pluies tardives qui sont tombées depuis le 8 avril, bien qu’abondantes sont arrivées trop tard dans beaucoup de Régions, même si elles ont réussi à limiter les situations de carence azotée et réduit le stress hydrique.
En Poitou Charente et Pays de Loire, comme dans beaucoup de régions, malgré les pluies et la plus faible évapotranspiration en avril, les réserves hydriques continuent de baisser, d’autant que l’évapotranspiration de mars a été très intense. Beaucoup de régions disposent d’une réserve hydrique dont le niveau est inférieur de 40 à 50% à ce qu’elle devrait être à pareil époque. Ce déficit serait relativement mineur s’il ne correspondait pas depuis 2008 au quatrième hiver sans pluie (excepté 2010). Les conséquences se font sentir sur les nappes phréatiques qui à 80% affichent un niveau inférieur à la normale faute d’avoir été rechargées. Les pluies d’avril devraient permettre d’assurer les récoltes notamment dans les régions céréalières (excepté les zones ou le gel a frappé), mais cela ne permettra pas d’assurer le rechargement des nappes d’eau qui ne s’alimentent qu’en hiver, pendant que la végétation sommeille. Il faut en effet savoir que l’agriculture représente en France 70% de la consommation d’eau naturelle et que cette eau n’est restituée au milieu naturel qu’au travers de ce que l’on appelle le « cycle long » : utilisation par les plantes, croissance de celles-ci, évapotranspiration et restitution à l’atmosphère, formation de masses d’air humide qui iront ailleurs alimenter par pluviosité d’autres régions, rivières ou océans. La réalimentation des nappes par l’eau restituée par l’agriculture nécessite donc plusieurs années. C’est pourquoi les années de sécheresse sont dramatiques !
Dans certaines régions rurales ou la sécheresse guette, les préfets ont donc déjà dû prendre des arrêtés de restriction de l’usage de l’eau du réseau public. Les usages non prioritaires sont d’ores et déjà interdits : arrosage d’espaces verts, lavage des véhicules au domicile, lavage des voiries, etc… Face au risque de pénurie hydrique cet été les agriculteurs se préparent : activation des cellules sécheresse, travaux préventifs contre les incendies (y compris dans le sud de l’Angleterre), demandes préventives de subventions et d’aides européennes (Espagne et Portugal). Dans un tel contexte les prix mondiaux du blé ont commencé à se tendre. Les immenses stocks mondiaux situés en Chine et en Inde ne pourront en effet rien pour compenser la baisse de production qui menace l’Europe et notamment la France.
Quoiqu’il en soit, l’eau est un bien précieux. Pensez à l’économiser et à surveiller votre consommation