La rénovation énergétique des copropriétés n’est certes pas une démarche simple. Le train déraille souvent avant d’arriver au terminus. Pourtant certains syndics avancent mieux que d’autres.
Les raisons ? Les acteurs concernés semblent avoir mieux compris qu’ailleurs les écueils à éviter. Les principaux sont au nombre de quatre :
- Croire que l’augmentation de la facture énergétique est une fatalité insurmontable
- Ne pas trouver le temps d’en discuter au sein de la copropriété
- Se limiter aux seules exigences de la législation
- Ne pas laisser assez de place au simple bon sens en Assemblée Générale
La première étape consiste à sensibiliser la copropriété sur la maîtrise des consommations.
Deux actions primordiales semblent porter leurs fruits. La première est de savoir décrypter les termes d’un contrat de chauffage pour contraindre l’exploitant à plus d’efficacité. La renégociation est parfois nécessaire. Elle permet souvent près de 20% d’économies.
La deuxième est à l’évidence d’avoir fait comprendre que l’individualisation des charges de chauffage est le meilleur levier pour permettre d’engager la rénovation énergétique. Porteur d’une équité indispensable, il génère en outre une économie de calories de plus de 15% à 25%. L’individualisation est un facilitateur de la démarche de rénovation énergétique.
Certains syndics ont compris comment actionner le deuxième levier : créer le moment d’en parler. La seule solution consiste à décréter une Assemblée Générale spécifique (extraordinaire). On n’a pas trop d’une soirée entière pour exposer le sujet, et convaincre de faire réaliser un audit global.
A la différence des Anglo-saxons ou même de leurs voisins européens, les Français ont trop l’habitude de repousser à la dernière échéance possible l’application des réglementations. L’audit énergétique obligatoire doit être fait au plus tard en 2017 ? Pourquoi se précipiter disent certaines copropriétés ? L’individualisation des frais de chauffage, obligatoire pourtant depuis 1974, au nom du bon sens, s’est vue accorder un délai supplémentaire assorti de critères plus ou moins fondés. Alors attendons, pensent d’autres copropriétés, bien que ce soit le bon sens et que l’expérience montre tous les jours la preuve des avantages de l’individualisation des frais de chauffage.
Certains syndics pourtant, ont compris qu’aucun vote en AG n’est possible sur la rénovation énergétique si la copropriété ne s’est pas d’abord dotée de règles d’équité. Comment faire voter de lourds investissements, si les économies d’énergie engendrées sont injustement réparties.
Enfin, il faut savoir parler d’un sujet complexe avec des mots simples. Des mots de copropriétaire. C’est donc une erreur majeure de laisser le cabinet d’audit exposer seul son rapport, au prétexte que la réglementation indique que le « rapport d’audit doit être présenté à l’AG ». Oui… mais surtout pas par un ingénieur thermicien qui ignore tout de la Loi de 1965, de ses subtiles majorités et des termes qu’il faut surtout éviter d’employer : « temps de retour sur investissement » par exemple. Comment voulez vous qu’un copropriétaire de soixante dix ans soit extrêmement désireux d’investir dans le remplacement de ses fenêtres alors qu’on lui explique que le ROI est de 22 ans. Ceux qui réussissent à convaincre parlent de valeur verte et non de ROI.
C’est avant tout en étant pragmatique que certains syndics font décoller le besoin puis l’envie de la rénovation énergétique des copropriétés.