Il est important de comprendre que l’eau en tant que ressource naturelle n’a pas de prix. Néanmoins, le service de l’eau a un coût, englobant le prélèvement de l’eau, le traitement pour la rendre potable, la distribution jusqu'aux habitations, la collecte des eaux usées, leur dépollution et leur rejet. Le prix de l’eau reflète donc ces différents services.
De grandes disparités régionales sur le prix de l’eau
Une étude de 60 millions de consommateurs en 2021 portant sur plus de 130 villesfrançaises, a révélé que le prix de l’eau potable a augmenté en moyenne de 10% entre 2011 et 2020. Cette étude a également mis en lumière de grandes disparités régionales : selon la commune, la facture d’eau peut être multipliée par cinq.
Les régions affichant les tarifs les plus élevés pour l’eau potable sont la Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France. Par exemple, il est courant de payer 5,80 € par m3 d’eau à Saint-Brieuc. En revanche, les départements du sud de la France sont moins impactés par des factures d’eau élevées. Par exemple, dans la ville d’Antibes en Provence-Alpes-Côte d’Azur, on paie 1,45 € par m3 d’eau, soit le tarif le plus bas du pays.
La structure du prix de l’eau
Pour comprendre ces disparités, il faut d’abord décomposer la structure du prix de l’eau, contenant 3 parties :
- La distribution d’eau : 40% de la facture d’eau, incluant la production, le transport et la distribution d’eau potable. Le prix de l’eau est fixé par les collectivités locales en fonction des charges locales, d’exploitation et d’investissement.
- L'assainissement de l’eau : 40 % de la facture d’eau, couvrant le traitement et l’évacuation des eaux usées. Les coûts d’assainissement ont beaucoup augmenté sous l’effet de normes environnementales plus strictes ces dernières années.
- Les taxes et redevances : 20% de la facture d’eau, comprennent les contributions aux Agences de bassin, aux Voies navigables etc. (lutte contre la pollution, taxe de modernisation des réseaux, prélèvement de la ressource).
Il existe deux principales raisons expliquant les différences de prix de l’eau entre les régions.
La distance jusqu’aux sources d’eau
La première raison est relative au fait que les régions éloignées des sources d’eau sont plus susceptibles de payer plus cher. En effet, lorsque le lieu de captage est éloigné du lieu de production et de consommation, ça nécessite l’installation de canalisations plus longues, impliquant donc un coût élevé de transport de l’eau et d’entretien du réseau.
Au nord de la France, où les nappes souterraines sont rares, l’eau doit être captée en surface, souvent polluée par des produits chimiques. Le traitement de cette eau est coûteux, ce qui se répercute sur le prix final.
A l’inverse, dans le sud de la France, les nappes souterraines sont plus courantes, réduisant les coûts de traitement et par conséquent, le prix de l’eau.
La modernisation des réseaux
La deuxième raison est liée à la modernisation des réseaux d’eau et les travaux d’entretien qui sont un facteur déterminant dans la variation des prix de l’eau potable entre les régions. Les infrastructures vieillissantes, datant parfois de plus de 80 ans, nécessitent d’importants investissements pour être mises à niveau et conformes aux normes de sécuritéen vigueur.
Ces investissements, indispensables pour améliorer la qualité du service, se répercutent directement sur les prix payés par les consommateurs.
Les normes environnementales de plus en plus strictes imposent également des coûts supplémentaires et les travaux de maintenance régulière ajoutent des dépenses aux collectivités locales.