Un réseau de chaleur, encore appelé chauffage urbain, correspond à un chauffage collectif à l’échelle d’un quartier, voire d’une ville. Il permet d’alimenter des bâtiments (privés, publics, industriels) en chaleur, en eau chaude sanitaire et même en vapeur pour ce qui concerne les industries de process. En 2013, environ 2,5 millions d’équivalents en logements sont ainsi desservis par un réseau de chaleur La chaleur produite peut être issue de différentes sources d’énergie.
On distingue les énergies fatales résultant de l’incinération des ordures ménagères, les énergies classiques résultant soit de la combustion d’énergies fossiles (gaz, fioul, charbon), soit de la cogénération (production simultanée de chaleur et d’électricité, voire même aussi de froid), et enfin les énergies renouvelables (biomasse bois, géothermie, solaire) qui représentent en 2013 environ 33% des sources d’énergie des réseaux de chaleur. L’objectif fixé par le Grenelle de l’Environnement, renforcé par la Directive Européenne d’Efficacité Energétique est de porter ce ratio au delà de 50% en 2020. La chaleur est véhiculée jusqu’aux bâtiments, soit sous la forme d’eau chaude (à température inférieure à 110°c), soit sous forme d’eau surchauffée sous pression à 180°c, soit enfin sous forme de vapeur dans les réseaux les plus anciens. Les réseaux de chaleur étaient jusqu’à maintenant majoritairement présents dans les grandes agglomérations, dotées d’usines d’incinération des ordures ménagères. Désormais la technologie des chaufferies bois, en développement, permet aux collectivités rurales d’envisager l’implantation de réseaux de chaleur. Sous l’argument de favoriser l’indépendance vis à vis des énergies fossiles, la rentabilité des réseaux de chaleur n’est pas aujourd’hui complétement évidente. Plusieurs raisons à cela.
Le mode de gestion des réseaux de chaleur, principalement sous forme de concession ou de contrats de gestion de 12 à 20 ans est une des premières causes. Le délégataire ne laisse, en cours de contrat, aucune marge de négociation aux immeubles raccordés, quels que soient l’évolution des paramètres économiques et énergétiques. Les contrats en cogénération, qui, en plus de la chaleur, produisent donc de l’électricité revendue au réseau ERDF, bénéficiaient de conditions particulièrement avantageuses au moment de leur signature (entre 1992 et 2006). A l’échéance (entre 2004 et 2018) les conditions de rachat de l’électricité sont devenues nettement moins avantageuses. Le prix de la chaleur revendue aux usagers risque d’augmenter en conséquence lors du renouvellement. Le développement des réseaux à source d’énergie mixte comprenant notamment une chaudière au bois, sont soumis aux fluctuations du prix de cette filière. L’augmentation de la demande de cette ENR, imposée par la Loi Grenelle 2, fait courir un risque certain, sur la pérennité du prix de revente de la chaleur. Le montant de l’investissement dans une telle chaudière est 3 à 5 fois plus élevé que celui d’une chaudière au gaz, tout en ayant des rendements plus faibles (80%) qu’une chaudière au gaz ou même au fioul (90%). La chaudière bois n’alimente que des logements, et ne tourne que 2000 à 2500 h par an. La capacité de celle-ci devra être dimensionnée de façon à garantir l’apport de chaleur nécessaire au plus fort de l’hiver. Un sur-dimensionnement est en général indispensable. Aucun besoin industriel ne vient alors amortir durant l’été. Les coûts d’exploitation s’en ressentent sévèrement. Comme l’a démontré un rapport d’expert (rapport Prévost), les réseaux de chaleur qui ne bénéficient pas de l’énergie des ordures ménagères, sont plus onéreux que le chauffage collectif classique des immeubles, et même que le chauffage individuel. Leur gestion, souvent opaque aux yeux des usagers, ne permet guère d’en optimiser le rendement.
Ajoutons que le raccordement d’un immeuble à un réseau de chaleur présente pour ses copropriétaires deux difficultés. D’une part le vote en Assemblée Générale est très difficile à obtenir, puisqu’une majorité de 75% des copropriétaires votants est requise. D’autre part les usagers en situation économique précaire ne pourront pas prétendre au tarif social du gaz, si le réseau de chaleur est alimenté par l’incinération des ordures ménagères ou par une chaudière au bois. Néanmoins, si vous êtes raccordés à un réseau de chaleur, forme particulière de chauffage collectif, pensez à exiger l’individualisation des charges grâce à l’installation de répartiteurs de chauffage.