Opter pour les offres de fournisseurs alternatifs est une solution intéressante, facile, gratuite et sans risque. Si 71 % des ménages français se disent préoccupés par leurs dépenses énergétiques, seulement 13 % ont changé de fournisseur d’électricité ou de gaz naturel selon le baromètre du médiateur national de l’énergie publié en octobre 2016.

« Une frilosité qui s’explique par une méconnaissance des démarches à effectuer et des idées reçues, près de dix ans après l’ouverture du marché du gaz et de l’électricité à la concurrence », explique Cédric Musso de l’UFC-Que Choisir. Ils sont pourtant aujourd’hui une vingtaine de fournisseurs alternatifs (Direct Energie, Lampiris, ENI, Antargaz…) à commercialiser des offres jusqu’à 10 % moins chères que les tarifs réglementés (fixés par les pouvoirs publics) d’EDF pour l’électricité et Engie (ex-GDF Suez) pour le gaz.

Utiliser un comparateur

Sans oublier les fournisseurs historiques (EDF et Engie), qui proposent, eux aussi, à la fois du gaz et de l’électricité à des prix qu’ils fixent librement, mais se gardent bien d’en informer leurs clients fidèles. « En raison des importants investissements de maintenance à venir pour les centrales nucléaires dont beaucoup datent des années 1970, le tarif réglementé de l’électricité va continuer à augmenter. Tout comme celui du gaz, conséquence du récent rebond du prix du pétrole. Changer de fournisseur d’énergie vaut donc le coup, surtout si l’on se chauffe au gaz ou à l’électricité », complète Adrien Tchang-Minh de l’association de défense des consommateurs CLCV.

Il faut alors prendre le temps de comparer ce que propose la concurrence. Les offres faisant suite à un démarchage à domicile ou à distance (téléphone, courrier, e-mail…) sont à proscrire. « Même si le consommateur bénéficie d’un délai de rétractation de quatorze jours une fois le nouveau contrat signé, les méthodes utilisées sont souvent agressives, voire trompeuses », prévient Jean Gaubert, médiateur national de l’énergie.

Avant de vous décider, commencez par utiliser un comparateur de prix. Attention, ils ne se valent pas tous, certains étant rémunérés par les fournisseurs eux-mêmes. Le site du médiateur national de l’énergie energie-info.fr, exhaustif et indépendant, permet des simulations selon sa commune et sa consommation annuelle. Tout comme le comparateur en ligne de l’UFC-Que Choisir, également gratuit.

Bien éplucher les contrats

Le prix du kWh ne fait pas tout. Avant de prendre sa décision, il faut aussi s’intéresser au tarif de l’abonnement, qui peut varier selon les fournisseurs et d’un contrat à l’autre. Certains commercialisent parfois des offres avec un prix du kWh intéressant, mais facturent l’abonnement plus cher.

Dans la plupart des cas, les offres duales (gaz + électricité) sont à éviter, car aucun fournisseur ne permet de bénéficier du meilleur prix sur les deux énergies à la fois. Autres précautions, vérifier dans le contrat les éventuels frais annexes et les modes de paiement acceptés. Il convient aussi de s’assurer que le nouveau fournisseur sera facilement joignable, c’est-à-dire qu’il vous proposera des heures d’ouverture adaptées à vos contraintes. « Pour certaines offres, généralement les moins chères, le service clients se fait uniquement en ligne », met en garde Jean Gaubert.

Reste à comprendre les modes d’évolution des tarifs proposés. Selon les contrats, les prix peuvent être libres, bloqués sur une période donnée ou indexés sur les tarifs réglementés. « A l’heure actuelle, afin de prévenir les hausses, mieux vaut privilégier les offres de marché à prix fixe non indexé sur un an, deux ou trois ans. C’est la certitude que le prix ne bougera pas pendant cette période. D’autant que le consommateur n’est jamais engagé. Libre à lui de changer à tout moment, sans pénalité et sans délai, voire revenir aux tarifs réglementés », insiste M. Musso.

Le nouveau prestataire s’occupe de tout

Une fois le fournisseur choisi, aucune démarche n’est nécessaire : le nouveau prestataire s’occupe de tout. Il suffit simplement de lui fournir un relevé de son compteur. L’ancien contrat est alors automatiquement résilié, sans frais. Aucune modification d’installation, ni de compteur n’est nécessaire. C’est gratuit et sans risque de coupure.

« Le gestionnaire du réseau reste le même : Enedis (NDLR : ex-ERDF) pour l’électricité et GRDF pour le gaz. Ce sont toujours eux qui effectueront les relevés de compteurs et procéderont aux interventions d’urgence et de dépannage, dans les mêmes délais », rappelle M. Tchang-Minh. Une garantie qui devrait rassurer les plus méfiants.

Des économies bien réelles

En faisant jouer la concurrence, une famille avec deux enfants habitant une maison de 110 m2 à Lyon se chauffant au gaz pourra économiser jusqu’à 10 % sur sa facture, selon energie-info.fr, le comparateur du médiateur national de l’énergie.

En optant pour l’offre Webeo 3 ans d’Eni, il paiera 944 euros TTC contre 1 047 euros TTC avec les tarifs réglementés d’Engie. A tout moment, le ménage pourra résilier son contrat s’il souhaite revenir aux tarifs réglementés ou s’il trouve une proposition plus intéressante.

C’est le tarif qui est garanti trois ans et non la durée de l’engagement. Côté électricité, avec une consommation estimée à 2 603 kWh pour une puissance souscrite de 6 kVA, il fera une économie de 5 % s’il choisit l’offre online de Direct Energie. Sa facture passera de 474 euros TTC avec les tarifs réglementés EDF à 452 euros TTC. Dans les deux cas, les offres peuvent être souscrites uniquement en ligne.

Frédérique Lehmann

Article paru le 07 janvier 2017 sur le site www.lemonde.fr
Source : www.lemonde.fr/argent/article/gaz-et-électricité-comment-réduire-sa-facture

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